La saga des GRUSS
C’est en la personne d’une charmante écuyère italienne, Maria Martinetti, qu’André-Charles, l’ancêtre de la dynastie Gruss, a épousé à la fois le cirque et le cheval. C’était, il y a 150 ans, du côté de Sainte Marie Aux Mines, d’où le jusque là robuste tailleur de pierre alsacien était originaire.
Parmi les cinq enfants de leur descendance directe, leur fille Louise épousa Henri Ricono, leur fils Henri-Charles-Armand épousa Célestine Ricono… dont le père, Filippo Ricono, acrobate de cirque, était l’époux d’Eugénie Martinetti, sœur de Maria. Avec de tels liens croisés, le cirque " Gruss Ricono " pouvait assurément, au XIX ème siècle, affronter toutes les tempêtes. Henri-Charles-Armand et Célestine eurent deux garçons : feu Alexis Gruss senior et André Gruss (qui deviendra le célèbre auguste " Dédé "), respectivement oncle et père d’Alexis Gruss, créateur de l’actuel " Cirque National À l’Ancienne ", il y a tout juste trente ans.
La maman d’Alexis Gruss, Maud Lautour de son nom de jeune fille, est elle-même issue d’une grande famille de tradition foraine, celle de la ménagerie Poisson qui remonte à 1796. Très rapidement, les Gruss se sont imposés comme de remarquables écuyers.
C’est d’ailleurs à travers leur réputation " d’équestriens " que se développa leur notoriété. En effet, aux chapiteaux " Gruss-Ricono ", puis " Gruss-Jeannet ", ne succédèrent plus, jusqu’au début des années 1970, que des enseignes qui, bien qu’appartenant aux Gruss, n’exprimèrent plus leur patronyme, comme par exemple les " Radio Circus " et " Grand Cirque de France ".
Le " Cirque À l’Ancienne Alexis Gruss ", quant à lui, naît à Paris, un certain 21 mai 1974, jour de fête des mères, au cœur du Marais, dans la cour de l’Hotel Salé (actuel Musée Picasso), où l’accueille Silvia Monfort, alors directrice du Centre Culturel du Carré Thorigny. Il s’agissait pour elle de fêter dignement le bi-centenaire de l’apparition du cirque équestre en France : le Major britannique Philippe Astley, son créateur, se produisit en effet à Paris pour la première fois en 1774.
Le spectacle prévu ici pour un mois tint cent quarante jours, avant d’émigrer, chaque année renouvelé, au Square des Arts et Métiers, à Beaubourg, au Jardin d’Acclimatation, à Vaugirard… et, depuis quelques hivers, au Bois de Boulogne.
Dés l’origine, le " Cirque À l’Ancienne " est de composition essentiellement familiale.
Au côté d’Alexis : son épouse Gipsy, fille du grand dresseur Firmin Bouglione ; son frère et ses sœurs Patrick, Bella et Martine Gruss ; sa belle sœur Sandrine Bouglione et, naturellement, son père Dédé Gruss.
Aujourd’hui encore, se regroupe autour d’Alexis une majorité de Gruss. Si " Dédé ", son père âgé de 85 ans, mérite bien sa retraite, si son frère et ses sœurs ne sont plus maintenant à ses côtés, avec son épouse Gipsy se produisent leurs propres enfants : Stéphan, Firmin et Maud, représentant la cinquième génération Gruss, auxquels se joignent Nathalie, épouse de Stéphan, également d’origine circassienne, et Laure, compagne de Firmin.
Et, pour la première fois, en ce programme du trentième anniversaire du " Cirque À l’Ancienne ", la sixième génération Gruss, avec Louis , Charles et Alexandre, les frères jumeaux, fils aînés de Stéphan et Nathalie, a fait en octobre 2003 son apparition en piste.
C’est ainsi 3 générations de Gruss qui a regroupé ce programme exceptionnel (qui a été aussi celui du 150 ème anniversaire de la dynastie Gruss), intitulé " Tels Maîtres, tel Cirque ", en hommage aux " pères d’élèves " qui se sont succédés dans la famille pour assurer l’excellence de la transmission des arts authentiques de la piste à travers lesquels, depuis un siècle et demi, s’illustrent les Gruss